Le 12 novembre 2024, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : six minutes.
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Le 12 novembre 2024, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : six minutes.
Conférence mondiale sur le climat
Accueillie cette année par l’Azerbaïdjan dans la capitale de Bakou, la COP29 s’est ouverte ce lundi 11 novembre 2024 pour une dizaine de jours de négociations sur les enjeux du réchauffement climatique. Boudé par de nombreux chefs d’État et de gouvernement, dont ceux de plusieurs pays de l’Union européenne, le sommet doit notamment aborder la question du financement climatique, alors que plusieurs pays du Sud global cherchent à obtenir des parties un soutien financier pour faire face à la transformation climatique sur leurs territoires. Les activités des vingt pays les plus riches de la planète (G20) forment aujourd’hui 77 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Par ailleurs, avec le très probable désengagement des États-Unis en la matière, l’émergence d’un nouveau leadership concernant le climat apparaît de plus en plus nécessaire pour respecter les engagements de l’accord de Paris.
Alors que les poids forts de l’économie mondiale demeurent les principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES), la question du financement climatique est particulièrement mise en avant à l’occasion de la conférence de Bakou sur les changements climatiques. Ouverte ce lundi 11 novembre 2024 dans la capitale de l’Azerbaïdjan, la 29e conférence des parties sur le climat se clôturera le vendredi 22 novembre prochain, après onze jours de négociations et d’échanges sur les enjeux du réchauffement climatique.
Initiées par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les Conférences des Nations unies sur les changements climatiques réunissent chaque année depuis 1995 les chefs d’État et de gouvernement des États parties, dans un pays organisateur choisi par rotation des continents.
Parmi les sujets émergents à cette COP29, la finance des transitions énergétiques dans les pays, en particulier ceux appartenant au Sud global.
En amont de la COP, les pays du Sud demandaient un soutien financier bien supérieur aux 100 milliards de dollars atteints en 2022, estimant leurs besoins à 2 400 milliards afin de faire face aux préjudices liés au changement climatique. Lors de la Conférence technique sur le climat, tenue en juin 2024 à Bonn (Allemagne), les discussions n’ont abouti à aucun chiffrage annuel à destination des pays les plus pauvres, malgré les propositions avancées par différentes parties, dont l’Inde et l’Alliance des petits États insulaires (Aosis).
Les pays émergents accusent en effet d’importantes difficultés dans le financement de la transition énergétique. L’enveloppe de 100 milliards de dollars, objectif adopté en 2009 au sommet de Copenhague sur le climat sous l’étiquette de New Collective Quantified Goal (NCQG), stipulait que les pays industrialisés, au sens de l’ONU, devraient verser ce montant annuel en soutien aux pays du Sud à compter de 2020. Cet objectif chiffré n’a été atteint qu’en 2022, avec deux ans de retard. Or, selon les termes de l’accord de Paris, les parties devront s’accorder sur un nouveau montant avant le cap de 2025.
Au reste, les pays du G20 (dont le sommet se tient ces 18 et 19 novembre 2024 à Rio de Janeiro) demeurent responsables de près de quatre cinquièmes des émissions mondiales d’équivalent CO2, continuent d’augmenter leurs émissions, en particulier la Chine (30 % des émissions totales, en progression de 5,2 %), les États-Unis (11 % du total) et l’Inde (8 % du total), qui concentrent à eux seuls près de la moitié des émissions globales de GES.
De son côté, l’Union européenne (UE), quatrième émetteur de GES, a vu sa part décroître fortement entre 2022 et 2023, de 7,5 %.
Autre thématique placée cette année sur le devant de la scène : la régulation des marchés carbone, ou systèmes d’échange de quotas d’émissions (SEQE). Adoptés en 2005 par l’Union européenne, ces marchés de quotas d’émission visent à inciter les acteurs économiques à la réduction de leurs émissions carbone par un mécanisme de négociation des coûts et des abattements.
Dès le premier jour de la COP29 de Bakou, le projet d’un marché mondial encadré des quotas d’émission carbone a été adopté par les parties : soutenu par l’ONU et déjà proposé sans succès à la COP28 de Dubaï, dans une complétion de l’accord de Paris (article 6.4), ce dispositif doit donner le jour, selon les termes de l’experte au Centre pour le droit international de l’environnement Erika Lennon, à « un marché du carbone plus établi, destiné à échanger des crédits carbone de qualité, avec des normes soutenues par les Nations unies ».
Jusque là, depuis les règles d’application de l’article 6 de l’accord de Paris adoptées à la COP26 de Glasgow, un marché mondial du carbone s’était établi en dehors de toute règle internationale.
Une ombre toutefois au tableau : les défections en cascade des principaux représentants des parties à ce sommet. Les uns après les autres, les chefs d’État de nombreuses grandes puissances ont fait annoncer leur absence à la conférence mondiale sur le climat.
La COP29 se tenant très peu de temps après les récentes élections américaines, l’actuel Président des États-Unis, Joe Biden, ne participera pas au sommet de Bakou : c’est la deuxième année consécutive que M. Biden manque ces négociations mondiales sur le climat.
De son côté, le Président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a également annulé son voyage, étant en convalescence suite à un traumatisme crânien survenu le mois dernier.
Le Premier ministre indien Narendra Modi, le Président chinois Xi Jinping, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, le Premier ministre australien Anthony Albanese ou encore le Premier ministre canadien Justin Trudeau seront eux aussi absents de la COP29.
Du côté du vieux continent, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, occupée à la préparation de son second mandat, ne sera pas non plus présente au sommet : ce sont Charles Michel, l’actuel président du Conseil européen, le candidat néerlandais au portefeuille "Climat, neutralité carbone et croissance propre" Wopke Hoekstra, et le commissaire à l’énergie Kadri Simson qui seront chargés de représenter l’Union européenne.
Le président français Emmanuel Macron ne se rendra pas non plus en Azerbaïdjan, pays avec lequel les relations diplomatiques restent tendues.
En Allemagne, suite à l’éclatement mercredi dernier de sa coalition, le chancelier Olaf Scholz a lui aussi annoncé qu’il ne serait pas présent à la COP29.
Enfin, samedi, le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a fait savoir qu’il annulait son déplacement à Bakou pour se concentrer sur la gestion de crise intérieure (les violentes attaques contre des supporters israéliens aux Pays-Bas la semaine passée).
Dès le mois d’octobre, le nombre de chefs d’État et de gouvernement ayant prévu de participer à la COP29 était inférieur d’un cinquième à celui de l’an passé, à la COP28 de Dubaï.
Les préparatifs de la COP29 ont été marqués par plusieurs sommets au cours de l’année, comme la Conférence technique sur le climat à Bonn en juin dernier ou encore la Climate Week tenue à New York en septembre, ainsi que par la publication de rapports de référence alertant sur l’urgence climatique.
L’Emissions Gap Report, rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), publié le 24 octobre 2024, indique que les émissions actuelles de gaz à effet de serre demeurent trop élevées pour limiter le réchauffement climatique sous le seuil des +1,5 °C à +2 °C fixés par l’Accord de Paris.
Le bulletin sur les GES de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) pour 2024 montre que les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d’azote (N2O), trois des principaux gaz à effet de serre ont atteint leurs niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis le début de l’époque industrielle (à partir de 1750).
Enfin, les Perspectives énergétiques mondiales 2024 (World Energy Outlook) publiées par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) projettent que la demande en combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) pourrait atteindre un pic avant l’an 2030, et un réchauffement de +2,4 °C d’ici 2100. Ces rapports soulignent l’urgence d’actions renforcées pour éviter un dépassement irréversible des seuils de réchauffement.
Urbanitas.fr
Ressource : New Collective Quantified Goal on Climate Finance (unfccc.int) [EN]
Ressource : À la COP29, les pays adoptent des règles pour le marché des crédits carbone (francetvinfo.fr)
Ressource : Marchés du carbone dans l’Union européenne — SEQE-UE (ecologie.gouv.fr)
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