Le 9 mars 2025, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : six minutes.
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Le 9 mars 2025, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : six minutes.
COP16 et accord international sur la biodiversité
Après quatre mois d’échec et trois jours de prolongations, les pays du monde ont finalement trouvé un terrain d’entente à Rome pour financer la protection de la biodiversité et éviter un nouveau revers pour le multilatéralisme environnemental.
Les pays du monde sont parvenus à un accord sur le financement de la sauvegarde de la nature le jeudi 27 février 2025 à Rome, lors de la COP16 des Nations unies sur la biodiversité. Ce compromis, arraché au terme de trois jours de prolongations, a permis d’éviter un nouvel échec pour le multilatéralisme environnemental, quatre mois après un revers en Colombie.
Les délégués des quelque 150 pays participants ont adopté un plan de travail quinquennal visant à débloquer les milliards nécessaires pour stopper la destruction de la nature et améliorer la distribution des fonds aux pays en développement. L’annonce de cet accord a été accueillie par de longs applaudissements de la part des délégués réunis au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Susana Muhamad, ministre colombienne de l’Environnement et présidente de cette 16e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CBD), a officialisé l’adoption du plan. Le ministre canadien de l’Environnement, Steven Guilbeault, a souligné que ces efforts démontraient la capacité du multilatéralisme à porter l’espoir dans un contexte géopolitique incertain.
Dans la foulée, les pays ont également adopté des règles et des indicateurs destinés à mesurer et vérifier les efforts mondiaux pour préserver la biodiversité d’ici la COP17, prévue en 2026 en Arménie. Ces outils visent à donner substance à la feuille de route de Kunming-Montréal établie en 2022, qui comprend 23 objectifs pour arrêter la destruction de la nature d’ici 2030.
Parmi ces objectifs figure notamment le placement de 30 % des terres et des mers dans des aires protégées, contre respectivement 17 % et 8 % actuellement selon l’ONU. Pour financer cette stratégie, les engagements financiers doivent atteindre 200 milliards de dollars annuels d’ici 2030, dont 30 milliards apportés par les nations développées aux pays à faibles ressources.
L’accord conclu à Rome reporte à 2028, lors de la COP18, la décision concernant la création éventuelle d’un nouveau fonds dédié sous l’autorité de la CBD, une demande fortement soutenue par les pays africains. L’alternative consisterait à réformer les instruments existants, comme le Fonds mondial pour l’Environnement, pour les rendre plus accessibles et équitables.
Les pays riches, principalement l’Union européenne, le Japon et le Canada, se sont montrés réticents à la multiplication des fonds, craignant une fragmentation de l’aide au développement. Ils ont également plaidé pour élargir la liste des pays contributeurs afin d’y intégrer des puissances émergentes comme la Chine, une question qui sera examinée dans le cadre du plan quinquennal adopté à Rome.
L’Arménie a été désignée, le jeudi 31 octobre 2024, pour accueillir la 17e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP17) en 2026. Cette désignation s’est faite à l’issue d’un vote inédit à bulletin secret lors de la COP16 à Cali, en Colombie. L’Arménie a obtenu 65 voix contre 58 pour l’Azerbaïdjan, son adversaire historique.
Pour la première fois depuis la création de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en 1992, un consensus n’a pu être trouvé concernant le pays hôte, obligeant les membres à procéder à un vote. Selon David Ainsworth, porte-parole de la CDB, cette situation est sans précédent.
La COP17 représente une étape cruciale dans le calendrier international de protection de la biodiversité, puisqu’elle marquera le bilan à mi-parcours des objectifs fixés pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030. La réussite de ce bilan dépend toutefois de règles complexes qui font encore l’objet de négociations à Cali.
Suite à cette élection, le délégué arménien Davit Manoukian a assuré que son gouvernement mettrait tout en œuvre pour assurer le succès de la conférence.
L’Azerbaïdjan, qui accueillera prochainement la COP29 sur le climat à partir du 10 novembre 2024, s’était également porté candidat pour cette COP biodiversité. Cette double candidature s’inscrit dans le contexte d’un conflit persistant entre les deux pays concernant le Haut-Karabakh, territoire repris militairement par l’Azerbaïdjan en septembre 2023, provoquant l’exode de près de 120 000 Arméniens.
Les sommets annuels sur la biodiversité s’inscrivent dans un long processus de négociations internationales sur la protection du vivant, remontant à la Convention sur la diversité biologique (CDB) adoptée lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992. Entrée en vigueur le 29 décembre 1993 et comptant aujourd’hui 196 parties et 168 signataires, la CDB visait à promouvoir la conservation de la biodiversité (diversité au sein des espèces, entre les espèces et au sein des écosystèmes), l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques. Trois protocoles à la Convention de Rio avaient ensuite été adoptés : le protocole de Cartagena (Protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques, 2000), le protocole additionnel de Nagoya-Kuala Lumpur et le protocole de Nagoya sur l’accès et le partage des avantages (Japon, 2010).
En décembre 2022, dans un tournant majeur des politiques internationales en matière de biodiversité, la COP15 s’était conclue à Montréal (Canada) par l’adoption d’un accord ambitieux fixant des objectifs clairs pour 2030, dont la protection de 30 % des terres et des mers : c’est la feuille de route de Kunming-Montréal, dont la tenue été initialement prévue en Chine, mais dont la pandémie avait conduit au report et à une organisation en deux phases.
La première phase de cette 15e Conférence des Parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique s’était déroulée du 11 au 15 octobre 2021 dans un format hybride (distanciel et présentiel) à Kunming dans le sud de la Chine. Les États avaient alors adopté une déclaration préliminaire réaffirmant la nécessité de transformations profondes pour inverser le déclin de la biodiversité. Cette déclaration avait déjà évoqué l’objectif de protéger 30 % des terres et des mers d’ici 2030, sans toutefois l’officialiser.
Entre ces deux phases, plusieurs réunions préparatoires ont eu lieu. À Genève, en mars 2022, le Groupe de travail sur le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 avait élaboré un projet articulé autour de quatre grands objectifs pour 2050 et 21 cibles pour 2030. Ce texte, encore parsemé de propositions entre crochets, avait ensuite été affiné lors d’une session à Nairobi (Kenya) en juin 2022, puis à Montréal début décembre, juste avant la COP15 qui avait eu lieu du 7 au 19 décembre 2022.
L’accord final de Kunming-Montréal, adopté par 196 États signataires, avait instauré un nouveau « Cadre mondial pour la biodiversité » reposant sur quatre objectifs fondamentaux : réduire les menaces pesant sur la biodiversité, assurer une utilisation et une gestion durables, garantir un partage équitable des avantages issus des ressources génétiques, et mettre en œuvre des moyens concrets pour atteindre ces objectifs.
Parmi les 23 cibles d’action retenues pour 2030, plusieurs témoignaient d’avancées significatives par rapport au projet d’accord de 2021. L’objectif emblématique de conservation et de gestion effective d’au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines avait été officiellement adopté. D’autres engagements majeurs incluaient la restauration d’au moins 30 % des écosystèmes dégradés, la réduction du risque d’extinction des espèces menacées, la diminution de 50 % de l’introduction d’espèces envahissantes, et l’augmentation substantielle des ressources financières pour la mise en œuvre des stratégies nationales.
Cet accord avait suscité un espoir renouvelé pour la protection de la biodiversité mondiale, après l’échec du précédent plan stratégique 2011-2020 dont les Objectifs d’Aïchi n’avaient pas été pleinement atteints, comme l’avait constaté le cinquième rapport sur les Perspectives mondiales de la diversité biologique publié en 2020.
Urbanitas.fr
Ressource : Politique étrangère de la France. Actualités et évènements en climat et environnement (2025) (diplomatie.gouv.fr)
Ressource : Tenue de la COP17 en Arménie (7 novembre 2024) (diplomatie.gouv.fr)
Ressource : COP15 de la Convention sur la diversité biologique (biodiv.mnhn.fr)
Ressource : R106 : Regard de la FRB sur la COP 15 Biodiversité, par H. Soubelet, D. Couvet et R. Goffaux (sfecologie.org)
Ressource : La Convention sur la diversité biologique, traité international pour un avenir durable (un.org)
Ressource : Protocole additionnel de Nagoya-Kuala Lumpur (biodiv.mnhn.fr)
Ressource : Protocole additionnel de Nagoya – Kuala Lumpur sur la responsabilité et la réparation relatif au Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques (treaties.un.org)
Ressource : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (fao.org)
Convention sur la Diversité Biologique (CDB) : traité international adopté en 1992 visant à promouvoir la conservation de la biodiversité.
COP15 : 15e Conférence des Parties de la Convention sur la diversité biologique.
Accord de Kunming-Montréal : cadre mondial pour la biodiversité adopté en décembre 2022.
Objectifs d’Aïchi : cibles du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 qui n’avaient pas été pleinement atteintes.
Solutions fondées sur la nature : approches s’appuyant sur les écosystèmes pour répondre aux défis sociétaux.
Aires protégées ; biodiversité ; Convention sur la diversité biologique (CBD) ; COP16 ; Fonds mondial pour l’Environnement ; Kunming-Montréal ; multilatéralisme environnemental ; Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
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