Adopt’IA : résultats d’une enquête sur l’usage de l’IA dans les entreprises françaises

L’Intelligence artificielle et l’économie

Lors du récent salon de l’IA et du Big Data de Paris (15 et 16 octobre 2024), l’école Aivancity a présenté les résultats d’une enquête sur l’adoption de l’IA dans les entreprises de type PME en France. Cette enquête débutée en 2021, et enrichie récemment d’un second volet suite à l’émergence de nouvelles technologies d’IA (intelligence artificielle générative, ou GenIA), doit nourrir un projet portant sur une meilleure appropriation de ces technologies au sein de l’économie française, en lien avec des enjeux d’emploi, de formation et d’innovation dans ces secteurs émergents.

Porté par l’établissement « aivancity Paris-Cachan », une école de formation aux métiers de l’intelligence artificielle et de la data, Adopt’IA est un projet de diffusion et d’intégration des technologies de l’intelligence artificielle au sein des filières industrielles françaises.

Lors du récent salon de l’Intelligence artificielle (IA) et du Big Data de 2024 à Paris, à la mi-octobre, l’école Aivancity a présenté les résultats d’une enquête sur l’adoption de l’IA dans les entreprises de type PME en France, développée dans le cadre de son projet de promotion des nouvelles technologies (NTIC). Les entreprises de moins de 500 salariés, qui regroupent en France 60 % de l’emploi, apparaissent en effet comme un cas d’école pour envisager l’adoption des NTIC gravitant autour de l’intelligence artificielle au sein des organisations. Présentes dans tous les secteurs, elles sont l’occasion d’interroger les usages potentiels de l’IA dans des domaines allant de l’industrie ou du BTP au secteur des services, en passant par les métiers de la création et les industries culturelles. Quatre filières à enjeu ont par ailleurs été identifiées par l’Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’événement (OPIIEC) : celles des services financiers, de l’industrie 4.0, du Retail et des services aux entreprises.

L’enquête Adopt’IA, débutée en 2021, a dû être complétée en 2024, suite à l’irruption inattendue de nouvelles technologies d’IA (intelligence artificielle générative, ou GenIA), symbolisée par le lancement du logiciel ChatGPT par OpenAI fin 2021, popularisant ces technologies auprès du grand public.

Des entretiens téléphoniques ont ainsi été menés auprès de quelque 400 dirigeants d’entreprises françaises, pour mesurer leur perception et leur appréhension de l’IA. Il s’agissait de révéler les défis et les points de tension sous-jacents pour le déploiement de ces technologies, à travers des cas pratiques. L’utilisation de quotas a permis de cibler une population représentative du tissu économique français des PME selon les différences filières.

Une perception toute en constrastes des potentiels de l’IA en entreprise

De cette enquête, il ressort que la perception française des nouvelles opportunités offertes par l’IA et la collecte de données en entreprise demeure aujourd’hui assez contrastée : parmi les secteurs en avance, la production (pour beaucoup à travers des solutions d’automatisation industrielle) et la finance dominent le tableau. À l’inverse, on observe dans les résultats du sondage une faible représentation des métiers et domaines plus « subjectifs », comme le design, ou encore le domaine juridique.

Beaucoup de dirigeants de PME perçoivent l’IA avant tout comme un outil d’automatisation (33 %), ou bien, à rebours, comme une simulation de l’intelligence humaine (25 %) ; une perception en quelque sorte clivée entre une approche « ancienne » de l’IA (celle, par exemple, des systèmes experts) et un idéal d’imitation du raisonnement naturel. Par ailleurs, 75 % des dirigeants d’entreprise interrogés disent employer à titre personnel un logiciel basé sur un grand modèle de langage (LLM) comme ChatGPT.

Du point de vue des solutions effectivement déployées, une très grande majorité restent développées de façon externe (51 %), par des prestataires, ce qui n’est pas sans poser des questions de souveraineté des systèmes développés, d’adaptation aux compétences métier, ou de maintenance si le partenariat avec le sous-traitant devait être remis en question.

Si les solutions de déploiement sont encore assez modestes, la perception des opportunités a toutefois bien évolué : alors qu’en 2021, seuls 41 % des chefs d’entreprise de l’enquête reconnaissaient l’IA comme un facteur d’accroissement de la performance, cette part a atteint 64 % lors des entretiens menés en 2024.

Plus d’un tiers (35 %) de ces dirigeants déclare en revanche ignorer dans quel domaine de leur entreprise l’IA pourrait trouver à être déployée.

Adopt’IA s’appuie sur le diagnostic de 2019 de l’OPIIEC, qui recommandait de développer des formations hybrides et des programmes de sensibilisation, et de former les managers à des cas d’usage d’adoption des technologies numériques dans les secteurs prioritaires. Le projet bénéficie du soutien de la Banque des territoires, et a été retenu en 2022 dans le cadre du programme France 2030, parmi 8 lauréats dans le domaine de la formation à l’IA. Avec un montant d’investissement estimé à 2 milliards d’euros, la France tient pour l’heure une place modeste dans la course mondiale à l’intelligence artificielle : à titre de comparaison, le budget de la Chine dans le domaine s’élève à plusieurs centaines de milliards d’euros. Le taux déploiement de l’IA en entreprise est passé de 8 % en 2021 à 15 % pour cette année, toujours loin derrière les niveaux des géants asiatiques (59 % pour la Chine, 52 % en Inde).

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